5 étapes pour l’éco-conception dans l’industrie cosmétique

Lorsqu'il est question d'éco-conception dans l'industrie cosmétique et plus particulièrement de beauté durable, la première idée qui vient à l'esprit est de développer des emballages respectueux de l'environnement. Mais l'éco-conception va bien plus loin que cela ! Chez Safic-Alcan nous restons à l’écoute des dernières tendances du marché cosmétique et tout particulièrement lorsqu’il s’agit de développement durable : Redécouvrez notre article précédent sur la tendance upcycling en cosmétique.
L'éco-conception est une démarche globale visant à inclure les aspects sociaux, économiques et environnementaux dans la chaîne de production et l’ensemble des étapes du cycle de vie des produits. Son objectif est de produire avec l'impact environnemental le plus faible possible tout en garantissant une valeur ajoutée au niveau global. Il s’agit de mettre en place un compromis entre impact environnemental et faisabilité technique, coût financier et performance d'usage.
De plus, l'ADEME (Agence De l'Environnement de la Maîtrise de l'Energie), agence française pour la transition écologique, propose une définition complète de l'éco-conception, pour qu'une marque soit considérée comme mettant en œuvre des actions qui s’inscrivent dans une démarche en réponse aux préoccupations environnementales :
- Aspect environnemental : où les produits sont-ils fabriqués ? Quelles sont les matières premières utilisées ? Quel est leur impact sur l'environnement ? Comment les produits sont-ils conditionnés ?
- Aspect social : Les droits, la santé et la sécurité des travailleurs sont-ils respectés tout au long de la chaîne de valeur ? Comment les matières premières sont-elles extraites ou produites ? La marque est-elle en partenariat avec des producteurs qui distribuent des matières premières provenant de l'étranger ? Le produit est-il fabriqué localement ? La marque choisit-elle de collaborer avec des partenaires locaux ?
- Aspect économique : Est-ce économiquement viable pour toutes les parties prenantes de la chaîne de valeur ? La marque est-elle transparente vis-à-vis de ses clients ? Existe-t-il une communication "greenwashing" qui compromettrait la confiance envers la marque ou l’approche d’éco-conception ?
Afin de définir précisément une démarche d'éco-conception d’un nouveau produit cosmétique, il faut suivre chaque étape du développement :
- Approvisionnement durable et ingrédients naturels :
- Mettre en place une politique d'achat durable qui intègre les enjeux environnementaux et sociaux, comme par exemple en appliquant les principes de l'économie circulaire et en réduisant l'empreinte carbone.
- Mettre en place une chaîne d'approvisionnement responsable pour les ingrédients afin d'identifier le pays d'approvisionnement, la réglementation en vigueur (protocole de Nagoya), ou encore la collaboration solidaire avec les populations locales.
- Démarche d'éco-conception lors de la formulation des produits : promouvoir une consommation responsable avec des formules concentrées, efficaces et biodégradables. Elle permet de s'adapter aux besoins du marché (exigences des consommateurs avertis) et aux tendances produits (en termes de formules, d'allégations, de galéniques), de réfléchir à la biodégradabilité et à l'écotoxicité des ingrédients, par exemple comment prévoir l'impact des formules rincées et des produits solaires sur l’environnement, de développer l'utilisation d'ingrédients issus de biotechnologies, d'anticiper les déchets générés par le produit fini au cours de son parcours de distribution (produits solides ou en vrac) et lors de sa fin de vie, et de développer des outils d'aide à l'éco-conception des formules.
- Optimisation des procédés : pour encourager la réduction de l'utilisation des ressources en eau et en énergie, promouvoir la réduction des émissions de gaz à effet de serre ainsi que la production de déchets et le développement de procédés à froid.
- Maîtrise de la chaîne d'approvisionnement : par le biais de la décarbonisation de l'industrie cosmétique et de la logistique avec, notamment, la réduction de l'empreinte carbone lors des transports.
- Communication responsable pour une consommation raisonnée et maîtrisée : en tant qu’entité sociale et économique, les entreprises doivent se montrer transparentes et veiller à élaborer une communication claire en ce qui concerne leurs propres impacts et ceux de leurs produits. Cette démarche contribue à aider les clients et les consommateurs à être plus conscients et avisés lors de leur acte d'achat et donc ainsi à mieux consommer.
Pour aller plus loin, les produits finis conçus dans cette peuvent également être labellisés selon qu'ils répondent aux cahiers des charges les plus exigeants (commerce équitable, “Fair For Life”, COSMOS, Agriculture Biologique...) pour garantir les engagements des entreprises notamment en matière de durabilité. Cela permet ainsi de développer des produits innovants tout en garantissant l'efficacité, le respect de la planète et des personnes.

Qu’en est-il du marché ?
Les concepts de beauté éthique et de cosmétiques écologiques, fabriqués grâce à la chimie verte et à des processus respectueux de l'environnement, ne cessent de fleurir. A tel point que, selon une étude de Kline Market Research en 2020, la révolution de la "beauté durable" est devenue un marché en plein essor depuis quelques années. Ainsi, en 2019, il était estimé à 39 milliards de dollars et pourrait atteindre 48 milliards de dollars en 2024.
Détaillons les étapes de l’éco-conception d’un produit cosmétique.
L'éco-conception dans la sélection ou la synthèse des ingrédients
Une approche réaliste du développement durable dans la sélection ou la synthèse des ingrédients est obtenue par un juste équilibre entre des ingrédients naturels judicieusement sélectionnés et des produits synthétiques respectueux de l’environnement et des personnes.
Toutefois, elle nécessite une solide expertise. Par exemple, remplacer les ingrédients synthétiques dérivés du pétrole ou non dégradables par des ingrédients naturels ou à base de plantes représente un véritable défi. Les formulateurs doivent être attentifs au processus de formulation, à la compatibilité avec les autres ingrédients au fil du temps et des variations de température, ainsi qu'à la sensorialité sur la peau ou les cheveux.
Ils peuvent également développer une politique d'approvisionnement durable de ces ingrédients renouvelables afin de :
- Garantir la traçabilité de la matière première, en connaissant le pays d’origine et celui producteur de la plante, en favorisant un engagement auprès des populations locales.
- Evaluer les enjeux sociaux et environnementaux avec les fournisseurs de chaque filière.
- Vérifier le respect des critères suivants :
- Les conditions de travail doivent être décentes et sûres, conformément aux droits de l’Homme et aux principes spécifiés dans l’Organisation Internationale du Travail, tout au long de la chaîne de valeur.
- L’égalité au travail, l’absence de discrimination, et la promotion des femmes sont encouragées.
- La culture et la récolte doivent contribuer au développement de l’activité économique des producteurs, dans le respect des connaissances traditionnelles et de la biodiversité, conformément aux procédures du protocole de Nagoya.
- La culture et la récolte doivent préserver la biodiversité, notamment les forêts.
- Mise en œuvre de pratiques agricoles responsables et à faible émission de carbone.
- Demander à un organisme indépendant de vérifier que toutes les étapes précédentes, qui font partie d’une approche globale, soient mises en place, afin d’évaluer l’impact de ces mesures sur les filières.
De plus, les entreprises peuvent essayer de trouver des alternatives pour remplacer les ingrédients actuels en modifiant les processus d'extraction ou de production par exemple. Ainsi, la chimie verte et les biotechnologies, telles que les procédés enzymatiques, peuvent être utilisées pour extraire ou synthétiser des ingrédients ayant des applications cosmétiques. Des recherches ont également été menées pour développer des procédés respectueux de l'environnement en réduisant le nombre d'étapes de synthèse, la consommation de solvants et d'énergie ou encore en utilisant des catalyseurs pour accélérer la synthèse, ou du C02 supercritique pouvant être recyclé.
Un autre moyen de sourcing d’ingrédients responsables aux propriétés cosmétiques s'est également développé ces dernières années : l'upcycling. Il permet de réduire la quantité de déchets issus de l'industrie alimentaire ou du bois, en les valorisant lors du développement de produits cosmétiques.
L'éco-conception dans la formulation
Avant toute chose, cette étape de l'éco-conception des produits cosmétiques doit répondre aux exigences des consommateurs. En effet, ces derniers sont à la recherche de nouvelles formules et galéniques respectueuses à la fois de leur santé et de l'environnement.
Ils sont également de plus en plus avisés et renseignés sur les compositions des cosmétiques et exigent de la transparence de la part des marques. Il est donc crucial pour ces dernières de communiquer davantage sur la traçabilité des ingrédients, les processus de production et leurs engagements en faveur de la lutte contre le changement climatique tout en préservant les populations locales et en encourageant l'innovation avec de fortes politiques de responsabilité sociale des entreprises (RSE).
Qui plus est, il faut tenir compte de la biodégradabilité et de l'écotoxicité de l'ingrédient, notamment, par exemple, dans le but d'anticiper l'impact environnemental des produits solaires et des produits à rincer sur la faune aquatique. Il est également question de la bioaccumulation des substances et de l'objectif “d’environnement sans produits toxiques" du Green Deal européen. Ainsi le développement de formules solides (contenant jusqu'à 40% d’eau) ou sans eau s’est accéléré ces dernières années afin de préserver ces ressources.
Il existe également des outils utilisant l'Intelligence Artificielle pour évaluer la sécurité des ingrédients cosmétiques et mesurer leur impact environnemental.
Enfin, le développement d'ingrédients à faible impact environnemental permet de produire des formules durables et répondant aux exigences de la clean beauty, pour ainsi commercialiser des produits dont l'empreinte hydrique est réduite et la biodégradabilité accrue.
L'éco-conception dans les processus de production
Tout comme les autres secteurs industriels, l'industrie de la beauté doit faire face aux problèmes liés au changement climatique. La production industrielle est effectivement l'une des étapes de la création d'un produit qui consomme le plus de ressources. Certaines solutions peuvent être envisagées pour réduire la pollution et les déchets ainsi produits. Par exemple, la décarbonisation de l'industrie cosmétique se développe depuis dix ans avec l'objectif final d'atteindre la neutralité carbone en 2030 (en France).
Le domaine du transport doit également être pris en compte pour se concentrer sur la diminution de l'empreinte carbone de la chaîne d'approvisionnement.
L'éco-conception dans le packaging
Les entreprises peuvent opter pour de nombreuses alternatives qui peuvent être complémentaires :
- L’utilisation de matières premières recyclées et/ou recyclables (verre, plastique)
- L’utilisation de matériaux d’origine naturelle ou de matériaux provenant de sources renouvelables pour remplacer d’autres matières premières (par exemple du plastique fabriqué à partir de canne à sucre)
- La réduction du volume et du poids des emballages existants ou en cours de développement
- Le remplissage, à domicile ou sur le lieu de vente, des bouteilles et des emballages réutilisables afin de diminuer le nombre de contenants à usage unique
- La suppression des emballages grâce à des formules innovantes, tel que les cosmétiques solides
- L’impression des notices directement sur l’emballage primaire
- La réduction des emballages secondaires
L'objectif principal est de choisir le matériau ayant le plus faible impact environnemental possible en ne compromettant ni la praticité pour le consommateur et le circuit de distribution, ni la compatibilité avec la formule.
L'éco-conception dans l'approvisionnement, la consommation et la communication
Approvisionnement et moyens de consommation
Le secteur de la distribution a évolué ces dernières années pour intégrer les préoccupations environnementales. En effet, les produits consignés et en vrac sont de plus en plus répandus en points de vente.
Des solutions pour supprimer les déchets d'emballages à usage unique sont également étudiées. Dans le cadre de cette démarche, l'ensemble du cycle de vie des produits a été repensé afin de minimiser les déchets grâce à l'utilisation de contenants réutilisables et consignés.
La communication
Les règles de communication responsable se décomposent en : définition de la cible (consommateurs, partenaires, investisseurs...), valorisation de la démarche et diffusion du message. Lorsqu'il s’agit d’aborder la question de la durabilité, une communication claire, transparente et raisonnée avec un accès à l'information au sein de la chaîne de valeur sont en jeu.
Il s'agit également de communiquer sur la politique RSE et les engagements environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) que les entreprises défendent.
Une communication peut être pertinente à tel point que les gens puissent être dissuadés ou confortés dans l’achat d’un produit cosmétique plutôt qu'un autre comme le montrent les chiffres clés publiés dans l'étude Mintel 2021 "Pivot skincare to skin health care". Pour les consommateurs, la revendication de naturalité est une ligne directrice, communiquant une volonté de protection de la peau, de la manière la plus naturelle possible. En Chine, par exemple, 64 % des femmes âgées de 18 à 49 ans estiment que les ingrédients d'origine naturelle sont plus efficaces pour préserver la santé de la peau.
Bien que la définition de la "beauté verte" ne soit pas réglementée, elle fait généralement référence au concept de "demande croissante d'ingrédients fonctionnels d'origine végétale, labellisés comme respectueux de l’environnement et provenant de sources durables, qui offrent des performances équivalentes". L'éco-conception vise à réduire l'impact environnemental d'un produit à chaque étape de son cycle de vie, de l'extraction des matières premières à sa fin de vie (recyclage et réutilisation), en passant par sa fabrication, sa distribution et son utilisation.
Depuis plusieurs années, Safic-Alcan a développé une stratégie de croissance utilisant le développement durable comme moteur d'innovation.
Ainsi, depuis 2021, afin de vous guider dans le processus d'éco-conception de produits cosmétiques, nous avons mis en place 4 piliers qui sont suivis par nos laboratoires d'application pour chaque nouveau développement.
Si vous souhaitez en savoir plus, n’hésitez pas à nous contacter ou remplissez le formulaire ci-dessous pour obtenir notre brochure !
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Sources :
- How farms-to-formulations beauty
- Green beauty: Traceability and sustainability
- Emballages durables pour cosmétiques
- Notre outil d'éco-conception
- Cosmeticdays : relevez les éco-défis de la cosmétique
- La FEBEA veut réduire l’usage du plastique dans les emballages cosmétiques
- Hygiène-Beauté : Objectif zéro déchet
- Le secteur des cosmétiques lance son « Plastic Act »
- Cosmétiques éco-responsables : 5 critères pour les identifier
- Les cosmétiques ouvrent les vannes du vrac
- Les Françaises massivement séduites par la beauté bio et naturelle
- Beauty under carbon constraints… with enthusiasm!
- Mintel, “Pivot skincare to skin health care,” Hwa Jun Lee, Senior Beauty and Personal Care Analyst, 2021
- Kline Market Research, « the Revolution of “Sustainable beauty” », 2020